« Depuis 1997, c’est la première fois que je connais une crise comme ça, et ce n’est que le début. » Comme à l’échelle nationale, les boulangers de la Ferté-sous-Jouarre sont confrontés à l’inflation qui affecte considérablement leur métier, avec la hausse des prix de l’électricité et des matières premières.
Boulanger depuis 26 ans, Ali Ben Mabrouk, patron de la boulangerie la Fournée de la Place, explique au Pays Briard à quel point son travail est perturbé par cette flambée des prix.
« C’est très très dur. Tout ce qui est matières premières, on a pris entre 20 et 30 % sur le beurre, les œufs, le sucre », précise-t-il.
Pour pallier cette augmentation, et comme la majorité des boulangers, Ali Ben Mabrouk a choisi d’augmenter les prix de ses produits, « mais ça ne va pas suffire pour compenser » cette crise, s’exaspère-t-il. Selon lui, « il faudrait multiplier par deux ou trois les prix. Vous imaginez une baguette à 2 € ? Ce n’est pas possible », poursuit Ali.
Si sa baguette stagne au prix d’un euro, le boulanger songe prochainement à l’augmenter de 10 centimes. Quant à la reine du mois, la galette, « on l’a augmenté de 50 centimes la part par rapport à l’année dernière », avoue-t-il.
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« Pour l’électricité, je suis passé d’environ 2 000 à 8 000 euros »
En plus des dépenses alimentaires, le prix de la facture d’électricité d’Ali Ben Mabrouk a explosé depuis quelques mois. « J’ai eu une augmentation de 400 % depuis le 1er octobre. Je suis passé d’environ 2 000 à 8 000 euros », déplore le boulanger fertois.
Face à cette situation, ce dernier a décidé de ne pas régler le dernier paiement. « C’est prévu le 10 janvier, mais je ne vais pas pouvoir payer. Je n’ai aucune solution, on attend que le gouvernement fasse quelque chose », déclare Ali.
Pour cause, bien que son chiffre d’affaires ait pour le moment stagné par rapport à l’année dernière, les dépenses, elles, ont augmenté. Du côté des clients, ils sont bien présents « mais le panier est moins important », regrette le boulanger.
« Le prix de la farine a triplé »
Deux rues plus loin, au Fournil de Sous Jouarre, les clients, eux, se font moins nombreux.
« J’ai perdu plein de clients. On galère avec eux parce que si tu passes les 1 € pour la baguette, ça leur revient cher », raconte le propriétaire M. Ben Mbarek.
Pour faire face à l’inflation, celui-ci a choisi d’augmenter tous les prix de son commerce de 10 centimes, baguette incluse. Il déplore à son tour les prix exorbitants des matières premières qui l’ont mené à prendre cette décision.
« Le prix de la farine a triplé depuis quelques mois. Avant j’achetais 25 kg de beurre pour 170 €, maintenant je les paye 220 € hors taxe. Tous les prix ont augmenté », détaille le boulanger qui exerce ce métier depuis 10 ans.
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« Laissez tomber le métier de la boulangerie, je préfère être un salarié »
Avec environ cinq salariés dans sa boulangerie, Mr Ben Mbarek craint de la stabilité de son effectif dans les mois à venir, mais assure qu’ « il n’y a pas de problème » pour le moment.
Comme ses collègues, le boulanger, sans solutions, réclame des aides pour s’en sortir.
« Laissez tomber le métier de la boulangerie, maintenant je préfère être un salarié. Je travaille 7j/7 et à la fin je ne gagne rien. On a besoin des aides », s’exaspère Mr Ben Mbarek.
Heureusement, certains clients lui restent fidèles et comprennent les augmentations des prix.
« La baguette à 1 € 10 je trouve que ce n’est pas cher parce que tout augmente. Quand les choses sont bonnes, ça a un prix », affirme une cliente. Avec l’inflation, une autre assure ironiquement qu’elle aimerait tout de même que le gouvernement « augmente aussi la retraite ».
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Le 5 janvier dernier, Emmanuel Macron a exprimé son soutien aux boulangers à l’occasion de la cérémonie de la galette des Rois à l’Élysée. Plus tôt dans la semaine, la Première ministre Elisabeth Borne a par ailleurs énoncé des mesures en leur faveur, notamment un guichet d’aide au paiement des factures d’électricité. Les boulangers pourront également « demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales » pour soulager leur trésorerie.
