
« Coups de coude dans le ventre et dans le dos », « échanges irrespectueux, misogynes et violents »… Lundi 13 février 2023, des enseignants du lycée Alfred-Nobel de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) auraient subi des « faits de violence » de la part des équipes mobiles de sécurité (EMS) de l’Académie de Créteil. Ils avaient organisé une journée de grève pour « contester la baisse des moyens alloués au lycée ».
Dans un communiqué publié jeudi 16 février, le recteur de Créteil « regrette le ton inapproprié et les familiarités adoptés tant par les agents EMS que par les personnels lors de ces échanges » et annonce qu’un « rappel à l’ordre ferme a été effectué ».
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Des classes supprimées
Depuis début février, les enseignants du lycée Alfred-Nobel sollicitent une audience auprès du rectorat afin « d’alerter sur leur situation ». Selon un premier communiqué publié avant la journée de mobilisation, une classe de première et une classe de terminale en filière générale vont être supprimées à la rentrée prochaine, « pour un effectif global d’élèves inchangé ».
Le nombre d’élèves par classe risque donc s’alourdir, atteignant 35 enfants chacune, alors que « la plupart des salles du lycée ne peuvent accueillir plus de 30 élèves », précisent-ils. Au-delà des problèmes matériels que ces suppressions de classes peuvent engendrer, « cela compliquera le suivi de nos élèves, notamment les plus fragiles scolairement », s’inquiètent les enseignants.
« Sans réponse » de la part du rectorat, l’équipe éducative a donc décidé d’organiser une journée d’action devant l’établissement lundi.
Violences physiques et verbales
« Nous sommes arrivés devant le lycée à 7 heures avec des pancartes en carton et avons été accueillis par l’équipe mobilise du rectorat demandée par notre proviseur en renfort », racontent les enseignants dans un second communiqué.
Dès notre arrivée, l’EMS a instauré un rapport de force verbal et physique, n’hésitant pas à nous repousser violemment. Ils ont immédiatement dit qu’ils n’étaient pas là pour dialoguer, ni pour parler avec nous, juste pour faire ce qu’on leur demandait et qu’ils iraient au bout.
Quatre employés de l’EMS auraient alors « violemment molesté » les professeurs grévistes. L’une des enseignantes aurait été blessée. S’en sont suivies des invectives : « T’es enceinte, ben justement je te conseille de pas rester là toi », « Toi me parle pas, parle pas avec moi, parle pas je t’ai dit », « Toi, je te parle pas gamine » ou encore en assimilant les professeurs à « des chialeuses et des guignols ». Aux élèves, « ils ont menti en disant que nous faisions grève pour l’argent ».
Les enseignants se disent « scandalisés par le choix du rectorat qui a préféré envoyer une délégation violente et irresponsable plutôt que de nous accorder une audience ».
Des « familiarités » des deux côtés
De son côté, l’Académie de Créteil justifie la présence d’une EMS « pour protéger les usagers et de prévenir les incidents inhérents » à un risque de blocus du lycée, comme le veut la procédure dans ces situations.
Sur le déroulé des faits, elle indique que « pour des raisons de sécurité évidentes », les agents de l’EMS sont intervenus pour « retirer une chaîne obstruant l’entrée et la sortie du portail de l’établissement ». Mais à ce moment-là, aucun contact physique n’a eu lieu, assure le rectorat.
Il reconnaît ensuite que « des échanges ont eu lieu » entre les enseignants mobilisés et les agents EMS mais précise que « le ton inapproprié et les familiarités » ont été adoptés des deux côtés, ce qu’il « regrette » : « Les EMS ont été insultés de ‘fascistes‘ et ‘chiens de garde du rectorat‘. »
Auditionnés, les agents de la sécurité ont quant à eux reconnu « le tutoiement abusif » et « le langage familier ». Un rappel à l’ordre ferme a été effectué à l’encontre des EMS.
Une audience après les vacances
Concernant la demande d’audience, l’Académie rappelle que « chaque demande obtient satisfaction, notamment celles concernant les moyens », mais les délais de réponse « dépendent des disponibilités des personnels d’encadrement et du temps de préparation ».
Celle effectuée par l’équipe enseignante du lycée Alfred-Nobel a bien été transmise au rectorat le 3 février et « une réponse a été donnée le 13 février ». Elle aura lieu « dès la semaine des retours de congés ».