
Pas de grandes stars, des joueurs qui se révèlent, un groupe qui se construit malgré les remous du début de saison : voilà la recette magique du Stade Français cette année. Actu Rugby a sélectionné 7 joueurs clé de l’effectif et demandé à leurs entraîneurs Laurent Sempéré et Julien Arias de nous parler d’eux.
Romain Briatte (3e ligne, 12 matches en Top 14 cette saison, 2 essais)
Laurent Sempéré : « Sa connaissance de la touche est sa principale qualité en tant que joueur. Il est précieux. Dans le jeu, il sait tout faire. Il n’a pas de super pouvoirs, mais il fait tout très bien. Il a 16/20 partout. Et il est très constant dans son niveau de performance, c’est remarquable. C’est aussi lié à sa façon d’appréhender le rugby : il est sérieux, organisé, et répète souvent les mêmes process. Il a de plus en plus un rôle de leader ».
L’entraîneur des avants parisien poursuit : « Ses performances et son leadership naturel font qu’il est écouté. Le nommer capitaine en l’absence de Paul Gabrillagues était une évidence. Et même quand il n’est pas capitaine, il est toujours très important dans les décisions de l’équipe ».

Giovanni Habel-Küffner (3e ligne, 14 matchs en Top 14 cette saison, 3 essais)
Laurent Sempéré souligne l’importance d’avoir recruté l’ex-Palois : « C’était un besoin impératif car on n’avait pas de numéro 8 spécialiste et ça manquait à notre effectif. Quand on a eu la possibilité de le faire venir, on a sauté dessus. C’est un super porteur de balle et un joueur de rugby très doué. Il sent le jeu, est capable de s’adapter à toutes les situations et fait bien jouer autour de lui. On avait besoin d’un joueur capable de faire le lien entre les avants et les trois-quarts, de bonifier les ballons autour de la mêlée, mais aussi, dans le jeu courant, de jouer parfois comme un trois-quarts centre, de nous mettre dans l’avancée quand il n’y a pas de surnombre.
Giovanni est aussi un joueur puissant. C’est le vrai joueur néo-zélandais, avec la palette que ça implique. Il est capable de jouer toutes les situations et a aussi cette qualité dans le contact qu’ont les joueurs du Pacifique. Il est un mélange de différentes cultures et on le voit dans son jeu.

Sekou Macalou (3e ligne, 27 ans, 4 essais en Top 14)
Laurent Sempéré ne tarit pas d’éloges sur l’international français (11 sélections) :
Sekou est un peu l’antithèse de Romain (Briatte). Lui, il a des super pouvoirs, une vitesse exceptionnelle, une puissance extraordinaire. Il a l’habitude de fonctionner avec ce groupe, avec ce club, il amène de la sérénité. Les joueurs autour de lui le savent. Il est capable de faire la différence à n’importe quel moment. C’est un joueur qui détonne.
Le technicien poursuit : « On le voit souvent faire la différence dans le couloir des 15 mètres parce qu’on l’utilise pas mal dans ces situations-là. Mais dans les matchs plus fermés, il est aussi capable de venir faire des breaks au milieu du terrain, ou de récupérer des situations en défense grâce à sa vitesse. Il fait la différence partout où il est. Mais il a aussi les défauts de ses qualités : on aimerait parfois qu’il soit capable d’en faire plus, tellement il nous aide quand il utilise toutes ses capacités ».

Giorgi Melikidze (15 matchs en Top 14 cette saison, 3 essais)
L’entraîneur des avants tient à rappeler que le Géorgien n’est pas nouveau dans l’effectif : « Il est au club depuis très longtemps même, il est arrivé avant 2015, c’est un ancien ! Il est arrivé très jeune. Au début, ça a été un choc culturel pour lui, car il vient d’un village reculé en Géorgie. Il a la culture du travail, c’est une éponge, il ne demande qu’à progresser. Ça fait vraiment deux ans qu’il arrive à exploiter tout son potentiel. Il travaille plus que les autres, il est très demandeur. J’ai la chance d’avoir avec lui un feeling qui nous permet de bien travailler ensemble ».
Il a une force naturelle importante, il ne se pose pas beaucoup de questions et est à l’écoute. Il a su se faire un nom et ce n’est pas facile du côté droit de la mêlée ! Paul Alo-Emile n’a pas été disponible pendant la moitié de la saison, ça a créé une opportunité pour Giorgi et il se débrouille très bien.

Joris Segonds (ouvreur, 12 matchs en Top 14 cette saison)
Après les avants, places aux 3/4. L’entraîneur Julien Arias débute par Joris Segonds : « C’est un très bon buteur, il a un très bon jeu au pied, une arme importante aujourd’hui en Top 14. Mais Joris est un peu catalogué là-dessus alors qu’il a aussi d’autres atouts. C’est un joueur qui aime les espaces et attaquer, même s’il a encore beaucoup de progrès à faire à ce niveau-là. On conforte ses points forts, le jeu au pied et la gestion du jeu, et on travaille pour qu’il ait d’autres armes, comme l’animation offensive.
L’entraîneur des arrières parisien enchaîne : « Il est dans une phase très positive de sa carrière où il commence à maitriser pas mal de choses. Il est au Stade Français depuis 4 saisons, il s’implique de plus en plus dans le leadership, la stratégie et le projet de jeu. Et à la charnière, on a 2 demis d’ouverture (Segonds et Barré) et 3 demi de mêlée (Parra, Hall, Coville) qui font un gros boulot pour faire évoluer l’équipe. À tous les postes, ceux dont on parle moins sont aussi très importants ».

Jeremy Ward (Centre, 11 matches en Top 14 cette saison, 2 essais)
« Quand on l’a recruté, on savait que ses qualités allaient coller au jeu qu’on voulait pratiquer cette saison. Il a l’expérience du haut niveau, c’est un gros joueur en défense. On savait aussi qu’il avait un gros potentiel offensif, qui n’était pas encore tout à fait exploité. Petit à petit, il comprend ce qu’on veut dans notre système de jeu et progresse dans le jeu d’attaque. On est content de son rendement », analyse Arias.
On est complètement conforté dans notre choix de l’avoir recruté. Le but n’est pas d’avoir des joueurs connus. On ne s’est pas trompé sur le joueur et aussi sur l’homme qu’il est. C’est une personnalité très appréciée.

Julien Delbouis (Centre, 12 matches de Top 14 cette saison)
« Avant d’arrêter, j’ai joué avec lui (en 2018) ! C’était il y a quatre ans. Il est arrivé ici quand il avait 19 ans. À cause de ses blessures, il n’a pas pu enchaîner. Il a passé 2 ans galère le pauvre. Mais il a beaucoup de mental et il s’est donné les moyens de revenir. Il a commencé la saison doucement, puis, au fil des matchs, son niveau est revenu. Il a retrouvé de la confiance en son potentiel physique, il gagne beaucoup de duels offensifs ».
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Julien Arias précise sur Delbouis : « Petit à petit, il réussit à mettre de la continuité derrière lui, ce qu’il faisait moins avant. Ces dernières semaines, il a retrouvé un très haut niveau et quand il est en pleine forme, c’est un joueur redoutable ».
Par Léa LEOSTIC