
François Truffaut, dont on ne sait s’il aurait goûté le festival « Extrême Cinéma » de la Cinémathèque de Toulouse, disait que « le cinéma, c’est l’art de faire faire de jolies choses à de jolies femmes ». C’est vrai… mais incomplet.
Le cinéma, c’est aussi faire faire des choses laides et extrêmes (justement) à des « gueules cassées » qui se foutent de leur image, quand ils ne lui crachent pas dessus. Cela s’appelle le cinéma de genre, ou le cinéma des marges et ce cinoche-là est bizarre, violent, régressif, jouissif, foutraque… et follement réjouissant !
Une 24e édition explosive
Il est de retour rue du Taur du 17 au 25 février pour une 24e édition explosive. « Extrême cinéma », c’est la promesse annuelle d’explorer les cinématographies que l’on ne trouve jamais dans les classements des « Plus Grands Films de Tous les Temps » mais qu’on regarde avec les potes en cassettes VHS pour les plus anciens, ou en Blu-Ray – car ce style de cinéma, qui fait se boucher le nez des cinéphiles bien comme il faut – retrouve peu à peu ses lettres de noblesse et, de De Palma à Carpenter, ils sont nombreux à s’être aventurés sur les chemins mouvants d’un cinéma peu orthodoxe mais souvent diablement intelligent, subversif et donc éminemment politique.
« Extrême Cinéma vous propose un voyage sans assurance d’arriver quelque part. Vous ne verrez pas ce que tout le monde veut voir parce qu’il faut l’avoir vu », résument les programmateurs.
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Batman, invité surprise
Les invités seront aussi nombreux que rares. On a hâte d’écouter Nacho Cerdà (dont l’incroyable court-métrage Aftermath (1990) et la Trilogie de la Mort continuent de hanter les mémoires) ou Peter Tombs, créateur du label d’édition Mondo Macabro, qui aura fait découvrir à ces milliers de cinéphiles les films de « vampires sauteurs » hongkongais ou un Dracula… pakistanais.
Autre invité, très attendu : Batman. Oui, vous avez bien lu : Batman sera là, « en cuir et en os », samedi 18 à 16 heures et il attendra les plus jeunes cinéphiles… et leurs parents. Côté films, une compétition de courts-métrages venus du monde entier et aux titres comme « We Forgot About the Zombies » (McInroy, 2022) ou « From Beyond » (Hana, 2022) ou « Furia » (Siuda, 2021) devraient ravir les fans.
Une bonne dose de second degré
Comme chaque année, la programmation, délirante et sublime, proposera à la découverte ou la redécouverte de classiques modernes et anciens comme « Braindead » de Peter Jackson (1992), le très étrange (le mot est faible) « Caniche » de Bigas Luna (1979), « Perversion Story » (1969), du grand Lucio Fulci, dont 5 films seront projetés, le bien-nommé « Supernichons contre Mafia » (1974) de Doris Wishman et des oubliés des encyclopédies du cinéma, comme cet étrange « Des femmes disparaissent » d’Edouard Molinaro en 1959, soit bien avant « Hibernatus » et « La Cage aux folles »… Souvent introuvables, ces films bancals, merveilleusement ratés parfois, ne demandent qu’à être vus, sans a priori, mais avec une bonne dose de second degré. Et alors là, mazette, quel pied !
Jean-Claude Simon