
8h30. Les blousons marqués Latécoère se rassemblent devant le siège à deux pas du métro Roseraie dans l’est de Toulouse. Quelques drapeaux de la CGT flottent dans un coin. Une cinquantaine de personnes sont là ce mercredi 15 février 2023 devant l’immense immeuble totalement vitré du constructeur aéronautique.
« Une première mobilisation collective après les annonces qui pourraient mettre dehors 145 employés du groupe », explique Florent Coste, délégué syndical CGT de Latécoère.
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Une usine du futur qui n’aura pas tenu longtemps
En effet, la direction a annoncé lors d’une réunion du Comité social et économique (CSE) du groupe la délocalisation de l’usine de Montredon à Toulouse, vers le Mexique et la Tchéquie. Une usine « inaugurée en grande pompe il y a à peine 5 ans » « l’usine du futur », pointent du doigt aujourd’hui, dépités, les salariés devant les locaux. Malgré tout, ce n’est pas vraiment une surprise pour Florent Coste.
« On nous avait parlé de projets sur le long terme il y a quelques mois… On sentait le truc pourri, le mauvais coup venir ! »
Ce mercredi matin, les négociations doivent commencer entre les représentants du personnel et la direction. Alors peu avant 9 heures, la cinquantaine de salariés contestataires entrent dans les locaux du siège, pour montrer leur unité face à cette décision. Des locaux que beaucoup découvrent.
Devant la salle, peu de tensions, mais beaucoup de détermination
Devant la salle de réunion, on fait le pied de grue en attendant un membre de la direction. Malgré le climat lourd qu’ont fait peser ces dernières annonces, l’ambiance est loin d’être tendue. Déterminés, les salariés ne bougeront pas avant d’être entendus.
Et entendus, ils semblent l’avoir été. Au sortir de cette réunion qui a duré près de trois heures, Florent Coste salue « un premier résultat, une première victoire ».
« La direction accepte de discuter de la délocalisation, alors qu’au départ, nous ne parlions que des mesures d’accompagnement, de reclassement… Nous la délocalisation, nous n’en voulons pas ! Alors évidemment, rien n’est gagné, mais nous avons créé les conditions d’un dialogue »

Les politiques entrent dans la danse
Rien n’est gagné donc, mais il semble que de premières lignes aient bougé. « Le soutien des politiques, donne à cette délocalisation un écho national, c’est l’un des leviers que nous avons à notre disposition », assure Florent Coste. En bas, devant le bâtiment, quelques élus sont d’ailleurs venus. Le maire de L’Union, Marc Péré, a mis sa casquette de conseiller départemental et dénonce une délocalisation « totalement incohérente et absurde ».
« On nous explique que pour être compétitif, il faut des machines parce que la main-d’œuvre est trop chère. On met des machines, et on délocalise quand même ! »
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Les questions de la souveraineté industrielle sont également mises en avant par les élus. « Les activités liées à l’avion de transport militaire A400M seront délocalisées en Tunisie », explique ainsi les députés et conseillers métropolitains LFI de Haute-Garonne dans un communiqué, appelant le gouvernement à agir : « maintien forcé de l’activité de Latécoère en Haute-Garonne ou nationalisation temporaire ».
Une première mobilisation, qui ne sera sans doute pas la dernière pour les employés de Latécoère.