Par Sudouest.fr avec AFP
Au moins huit personnes ont été mises en examen dans cette affaire de trafic d’antiquités où plusieurs pièces, notamment certaines achetées par le Louvre, se sont révélées être issues de pillages dans des pays du Proche et du Moyen-Orient
La cour d’appel de Paris a confirmé vendredi la mise en examen de l’ancien président-directeur du Louvre Jean-Luc Martinez et d’un ex-cadre de l’Agence France Museums dans l’enquête sur un vaste trafic d’antiquités, a-t-on appris auprès de leurs avocats. « La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris n’a pas suivi les réquisitions du parquet général qui demandait l’annulation de la mise en examen de Monsieur Jean-Luc Martinez compte tenu des nombreuses incohérences factuelles et juridiques qui entachent la poursuite », s’est désolé son avocat, Me François Artuphel.
« Comme l’avait soutenu le parquet général », ministère public près la cour d’appel, « cette décision est infondée en droit comme en fait, et Jean-Luc Martinez – qui réaffirme son innocence – a chargé ses conseils de former un pourvoi en cassation », a-t-il ajouté. « Nous ne doutons pas que la suite de la procédure rétablira cette injustice », a assuré Me Artuphel.
« Pourvoir en cassation »
Jean-Luc Martinez, président du Louvre de 2013 à 2021, serait impliqué dans un vaste trafic d’antiquités qui a secoué le monde de l’art. L’affaire a fait parler lorsque en mai 2022, Jean-Luc Martinez a été placé en examen pour « blanchiment et complicité d’escroquerie en bande organisée ». Il est soupçonné d’avoir détourné le regard face à des faux certificats d’origine d’œuvres égyptiennes acquises par le Louvre Abu Dhabi. Sept objets d’art, d’une valeur de 50 millions d’euros, parmi lesquels un buste de Cléopâtre, le sarcophage doré de la princesse Henouttaouy ou encore une stèle de granit rose de Toutânkhamon.
Son ex-bras droit, l’ancien directeur scientifique de l’Agence France Museums, Jean-François Charnier, voit lui aussi sa mise en examen maintenue, a déclaré son avocate. Il est soupçonné de « blanchiment par facilitation mensongère de l’origine de biens provenant d’un crime ou d’un délit ». Me Corinne Hershkovitch, a dénoncé la décision prise par la cour d’appel. « Évidemment, on envisage très sérieusement de se pourvoir en cassation », a-t-elle ajouté, relevant que la cour d’appel avait « confirmé toute la procédure ».
Antiquités issues de pillages
Une source proche du dossier a indiqué qu’une troisième mise en examen, celle d’un galeriste germano-libanais soupçonné d’avoir participé à la falsification de l’origine des pièces d’antiquité, avait également été confirmée. Dans cette information judiciaire, ouverte en 2020 après deux années d’enquête préliminaire, au moins huit personnes sont mises en examen.
Dans cette information judiciaire, ouverte en 2020 après deux années d’enquête préliminaire, au moins huit personnes sont mises en examen. L’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC), chargé des investigations, cherche à déterminer les responsabilités dans la vente de centaines d’antiquités issues de pillages dans des pays du Proche et du Moyen-Orient rendus instables par les printemps arabes.