Par Yann Saint-Sernin
Deux couples à la tête de la société girondine Moovaudio ont été condamnés à de la prison avec sursis pour escroquerie à la CPAM en lien avec du démarchage massif dans les Ehpad. La société écope de 300 000 euros d’amende dont 150 000 ferme. Le tribunal a ordonné sa fermeture
L’activité était lucrative. Entre 2020 et 2021, la société d’audioprothèse Moovaudio, basée à Eysines (près de Bordeaux), avait généré 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires. Son gérant Nicolas Perez se versait un salaire…
L’activité était lucrative. Entre 2020 et 2021, la société d’audioprothèse Moovaudio, basée à Eysines (près de Bordeaux), avait généré 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires. Son gérant Nicolas Perez se versait un salaire tutoyant les 10 000 euros par mois, roulait en Land Rover acheté par la société et salariait dans des conditions avantageuses sa femme et un couple d’amis, tous recrutés comme cadres dirigeants de sa société.
198 000 euros confisqués
Ce lundi 9 janvier, le tribunal correctionnel de Bordeaux présidé par le juge Denis Roucou a mis fin à l’aventure. La justice vient d’ordonner la fermeture de la société, condamnée à 300 000 euros d’amende dont 150 000 euros ferme. Le gérant Nicolas Perez poursuivi pour escroquerie, pratiques commerciales trompeuses, exercice illégal des professions de médecin et d’audioprothésiste a écopé de trois ans de prison avec sursis, une interdiction de gérer pendant quinze ans, et une interdiction d’exercer une activité médicale ou paramédicale pendant cinq ans. Son épouse a écopé de six mois avec sursis avec interdiction d’exercer une activité paramédicale pendant cinq ans et leur couple d’amis, de six mois de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende et une interdiction pendant trois ans d’exercer une activité paramédicale.
La réussite de Moovaudio reposait sur une vaste arnaque mise au jour par la police judiciaire de Bordeaux. S’appuyant sur le 100 % santé et se réclamant de la CPAM, Moovaudio démarchait les Ehpad français pour proposer des bilans auditifs qui débouchaient le plus souvent sur l’installation de prothèses. Mais le gérant, pas plus que les agents commerciaux qui étaient dépêchés dans les maisons de retraite ne pouvaient prétendre à la qualité d’audioprothésiste. Nul n’était habilité à prescrire et installer une prothèse, pas plus qu’à réaliser ou analyser un bilan auditif. Pour tromper la CPAM dont les remboursements constituaient l’essentiel des revenus de la société, le gérant avait faussement domicilié des commerciaux chez de vrais audioprothésistes qui ignoraient tout de la martingale.
Le tribunal a notamment ordonné la confiscation du Land Rover, de 198 000 euros sur les comptes des époux Perez ainsi que d’une montre Rolex.