
Entre 800 000 et 1 million. C’est le nombre de rats qui vivraient actuellement parmi les Lyonnais, soit près de deux rats par habitant intra-muros. Un chiffre qui n’a jamais été aussi élevé en quinze ans, selon Romain Lasseur, docteur en toxicologie et écologie animale.
« La ville est aujourd’hui autant infestée qu’à Paris ou Marseille« , affirme l’expert, qui explique cette recrudescence par un facteur principal : le « manque d’actions » des pouvoirs publics.
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Un vrai risque pour la santé publique
Le problème n’est pas la présence du rat mais sa densité. Avant, on avait des seuils assez raisonnables car il y avait un service de la Ville qui était très réactif à ce sujet. Mais depuis cinq, six ans, il y a une vraie dérive concernant la politique liée à cette problématique. On les laisse se multiplier. Sauf qu’on ne peut pas considérer toutes les espèces de la même manière. Protéger les rats, c’est finalement agir contre la biodiversité car ils prolifèrent au détriment d’autres espèces.
Du côté des gares de Part-Dieu et de Perrache, dans le Vieux-Lyon, sur la place Bellecour ou encore la place de Milan, les rats pullulent et représentent un vrai risque pour la santé publique. Romain Lasseur rappelle que, « via leurs urines et leurs déjections », les rongeurs sont des vecteurs de transmissions de maladies graves telles que la leptospirose.
« Il y a une urgence sanitaire. Il y a aussi un risque économique avec l’image que cela renvoi aux touristes, un risque pour la dignité humaine. Plus leur présence augmente, plus cela traduit la pauvreté de la ville et une problématique sociale », énumère le docteur, qui précise militer « pour une régulation et non une extinction ».
La place de Milan infestée
Selon lui, il faut agir sans plus attendre avant que les rongeurs « ne se dispersent dans toute la ville » et soient « présents à la moindre faille alimentaire ».
Première étape : identifier et cartographier les sources, telles que la place de Milan au sein de laquelle près de 200 rats ont élu domicile, pour pouvoir les gérer une par une. Un travail qui pourrait se réaliser avec l’aide des citoyens, comme dans le 17e arrondissement de Paris, où a été lancé la plateforme « signaler un rat ».

« Le rat est là parce qu’il y a de la nourriture qui traîne »
Le plus important résiderait néanmoins dans le fait de « repenser la disponibilité alimentaire sur l’espace public. » « Le rat est là parce qu’il y a de la nourriture qui traîne », souligne l’expert.
Cela passerait ainsi par « sanctionner les incivilités de ceux qui jettent à manger par terre », « sanctionner ceux qui nourrissent les pigeons et autres espèces invasives », « repenser le ramassage des ordures »…
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Un animal utile ?
Il n’est pourtant pas rare d’entendre dire ou de lire sur Internet que la présence du rat en ville serait « utile » et permettrait d’éliminer nos déchets, de nettoyer nos égouts…
Des affirmations totalement fausses selon Romain Lasseur, qui explique d’ailleurs que « les rats « s’établissent en surface » et utilisent seulement les égouts comme « moyen de dispersion ».