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Ultradroite : qui sont les « accélérationnistes », ces adeptes de la violence et de la domination blanche ?

Par SudOuest.fr avec AFP

L’accélérationnisme est une mouvance structurée aux États-Unis. En France, selon une source sécuritaire, « le noyau dur comporte environ 200 personnes », dont « quelques dizaines » pourraient passer à l’acte

Lors des récents coups de filet menés dans les milieux de l’ultradroite française, un profil a émergé, celui d’« accélérationnistes » qui prônent la violence et la suprématie blanche.

Dominique D., un jardinier de la ville de Montauban, est l’un d’eux. Le quadragénaire comparaît jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir prôné sur la messagerie cryptée Telegram la guérilla et l’élimination des « nègres », des communistes et des Juifs.

Dominique D., « c’est Monsieur tout le monde, un peureux, isolé socialement et angoissé par l’actualité », décrit son avocate Séverine Lheureux. « Ce survivaliste s’est construit un personnage en ligne », assure-t-elle. « Et il ne s’est rendu compte qu’à la lumière crue des néons de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure) de la portée de ses publications » .

Une cinquantaine d’armes (revolvers, fusils à pompes…) ont été retrouvées chez lui, certaines envoyées par la Poste par un homme qui se retrouve aussi sur le banc des prévenus, pour vente illégale d’armes.

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Mouvance venue des États-Unis

L’instruction n’a pas identifié de préparatifs d’attentat pas plus que de complices. Elle a tout au plus établi des achats auprès du site « Bibliothèque Dissidente » qui serait animé par Lucas S., lui-même mis en examen en décembre 2021 pour apologie du terrorisme.

Mais la présence d’une certaine littérature atteste selon l’accusation d’une adhésion à l’accélérationnisme, mouvance structurée aux États-Unis et dont l’audience sur des plateformes transnationales va croissante. En France, selon une source sécuritaire, « le noyau dur comporte environ 200 personnes », dont « quelques dizaines » pourraient passer à l’acte.

En Allemagne depuis 2018, il y a eu au moins cinq groupes et plusieurs individus prêts à commettre des attentats imputables à l’accélérationnisme, selon le Centre de recherche CeMAS. Le chiffre est anecdotique au regard des plus de 13 500 personnes du spectre de l’extrême droite allemande potentiellement violentes, selon l’Agence fédérale du renseignement intérieur.

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Néonazisme et suprématie blanche

Mais « on assiste à une banalisation de ces idées, qui circulaient avant à travers des brochures dans des cercles d’initiés, et sont diffusées aujourd’hui sur internet », dit Stéphane François, politologue spécialiste des droites radicales. Des ouvrages servent de socle. Ceux notamment de William Pierce, qualifiés de « Bible des Suprémacistes blancs » par le FBI (Bureau fédéral d’enquête américain), ou « Siège » du néozani américain James Mason.

« L’idée de l’accélérationnisme est de pousser les citoyens à réagir, de pousser les immigrés à basculer dans la violence » et provoquer « une guerre civile », explique Stéphane François. Cette stratégie de la tension n’est pas nouvelle, relève-t-il. On la retrouve lors des « années de plombs » en Italie (1960-1980) ou lors de la Guerre froide dans les réseaux « stay-behind », ces structures clandestines anti-soviétiques de l’OTAN prétendument alliées à des groupes terroristes.

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Un concept de gauche tiré vers la droite et la violence

L’accélérationnisme a d’abord été popularisé par la gauche radicale. En 2013 dans un manifeste, deux doctorants britanniques, Alex Williams et Nick Srnicek, invitent à « accélérer » le rythme du capitalisme pour le mener à sa perte, mais sans violence et dans une optique de justice sociale.

Puis des penseurs tel que le néolibéral britannique Nick Land – partisan d’un démantèlement de toute forme de contrôle de l’État pour instaurer une société fasciste -, ont tiré le concept vers la droite et fait de la violence un moyen d’action.

Des évènements ont aussi servi de catalyseurs, tels les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et ceux de 2012 et 2015 en France. La pandémie de Covid-19 a amplifié leur recrutement sur internet qui était déjà un « incubateur pour militants accélérationnistes », selon Tech against terrorism, projet soutenu par les Nations unies. Selon cette source, le forum Iron March, opérationnel de 2011 à 2017, a « facilité le développement d’un groupe d’entités militantes néofascistes qui sont devenues l’épine dorsale du réseau accélérationniste transnational contemporain ».

« La grande majorité de ces entités ont eu une courte durée de vie du fait des suspensions de chaînes par les modérateurs de Telegram », relève Tech against terrorism. Mais certaines restent actives, à l’instar du groupe américain héritier de l’Atomwaffen Division dont le cofondateur a été arrêté le 6 février, soupçonné d’avoir voulu attaquer des transformateurs électriques.

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