
Il y a tout juste une semaine, une baleine défrayait la chronique en s’aventurant dans la Rance.
Prisonnière du fleuve pendant plus de 24 heures, le cétacé âgé d’un an et déjà long de 7-8 mètres s’en est heureusement sorti en franchissant les vannes du barrage de la Rance, entre Saint-Malo et Dinard, vendredi dernier.
Les scientifiques de l’association Al Lark, en première ligne pour lui permettre de s’échapper et de regagner le large, n’ont pas entendu reparler d’elle depuis. Ce qui est plutôt bon signe quelques jours après cette mésaventure qui aurait pu très mal se finir pour l’animal.
Occupés à dépecer le gigantesque cétacé
Si l’épisode a tenu en haleine la population des bords de Rance et de nombreux médias, il a aussi rappelé à des historiens locaux une incroyable histoire de baleine qui s’est déroulée à Saint-Malo au XIXe siècle.
Yves Bourel, ancien journaliste à La Chronique Républicaine de Fougères, a ainsi exhumé des archives un article du journal L’Union malouine, daté du 3 avril 1875, qui relate l’échouage d’une baleine à Saint-Malo et l’épisode inattendu qui s’en est suivi.
Mardi, à mer descendante, une énorme baleine est venue s’échouer entre le Grand-Bey et le Fort national. Déjà de nombreux individus étaient occupés à dépecer le gigantesque cétacé lorsqu’une grande lame ou plutôt ce que les marins nomment une varaude, le remit à flot et permit au courant de l’entraîner en grande eau.
Des passagers clandestins tétanisés
La suite du récit est toute simplement ahurissante :
Plus de vingt personnes étaient restées sur la baleine et s’en allaient au large avec elle. On se figure aisément la frayeur de ces braves gens, là, tous accroupis, n’osant faire un mouvement, craignant de faire chavirer ce bateau d’un genre si nouveau, mais criant au secours de toute la force de leurs poumons.
« Fort heureusement », poursuit l’auteur de ces lignes pour L’Union malouine, « ceci se passait juste au moment où les bateaux du Naye revenaient du banc de Saint-Marc pêcher la sardine ».
Ces braves bateliers s’empressèrent de recueillir les naufragés et les ramenèrent au port où ils furent reçus par leurs familles et une foule considérable accourue au-devant d’eux.
Ouf !