Par Daniel Chollet Publié le La Gazette du Val d'Oise Voir mon actu Suivre
1 800 lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres ont été agressés en France en 2020, physiquement ou verbalement, en raison de leur orientation sexuelle.
1 800 agressions en 2020 contre les Lgbti
C’est le chiffre donné par Élisabeth Moreno lors de sa visite au lycée Georges-Braque à Argenteuil (Val-d’Oise), vendredi 19 mars, dans le cadre de la mise en place du Plan national d’actions 2020-2023 pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-Lgbti+ (Lesbiennes, gays, bi, transgenres et intersexes).

« Vivre ensemble en s’acceptant »
Guidée par une élève de 1re, Inès Kriche, la ministre a pu découvrir au centre de documentation et d’information (Cdi) l’exposition itinérante prêtée par le Musée national de l’Éducation, qui s’articule autour de plusieurs thématiques : l’homosexualité dans la société, la littérature et l’histoire, la discrimination, l’éducation à la procréation, les questions Lgbti+ en famille.
« Cela s'inscrit dans un programme, ce n'est pas qu'une exposition passagère », a insisté le proviseur du lycée, Vincent Deroin.
Inès Kriche fait partie d’un club qui réfléchit à tous les « questionnements » qui se posent aux jeunes.
Inès Kriche s’est « identifiée à certaines causes »
La lycéenne a « des amis dans la communauté Lgbt, au lycée et ailleurs » et elle s’est « identifiée à certaines causes ».

Le harcèlement existe, ici comme ailleurs
Du harcèlement a-t-il cours à ce sujet dans l’établissement ? Oui, « mais quand on explique les choses, les avis changent ».
« J’ai dit qu’il avait le droit d’aimer qui il voulait »
S’en est suivie une table ronde au cours de laquelle plusieurs élèves ont pris la parole dont celle émouvante de Noria, qui a livré en larmes son témoignage sur l’attitude « homophobe » de son père vis-à-vis d’un de ses amis.
« Il n'a pas voulu qu'il reste dans la maison car pour lui il n'était ''pas comme nous''. J'ai dit qu'il avait le droit d'aimer qui il voulait. J'ai refusé qu'il s'en aille et j'ai été punie durant plusieurs semaines car j'étais contre son avis ».

Maxime Camacho : « il est possible de tous vivre ensemble en s’acceptant »
Maxime Camacho, élève de terminale, estime que beaucoup d’idées préconçues viennent des familles, des parents, mais qu’il est possible de changer les choses « et de tous vivre ensemble en s’acceptant. C’est un processus long qui doit démarrer très jeune ».
Les réseaux sociaux en question
Le débat a aussi permis d’aborder la question des réseaux sociaux, souvent décriés et accusés de véhiculer le harcèlement.
« Ce n'est pas le réseau social qui est responsable mais ce qu'on en fait », a résumé un élève. « C'est aussi un outil qui peut être utilisé en bien », a abondé une autre.
Les violences contre les femmes
Engagé depuis longtemps contre toutes les formes de discrimination, le lycée Georges-Braque d’Argenteuil avait récemment travaillé sur la question des violences faites aux femmes.
« On leur fait prendre conscience qu'ils sont des acteurs, des citoyens et qu'ils peuvent aussi changer la société », a souligné Camille Joublot-Ferré, professeur d'histoire-géographie.

« Une petite claque, ce n’est pas rien. »
Sur la question des violences. Imène, qui se dit « plus humaniste que féministe », a expliqué que ça se voit au lycée au sein des couples : « une petite claque, on dit, c’est rien, un coup de pied, soi-disant mérité. C’est devenu normal. Pourtant, ce n’est pas rien. »
Cécile Rilhac, députée (et ancienne prof à Georges-Braque) : « Ça peut finir en drame »
Cécile Rilhac, avant d'être députée (Lrem), a été professeur d'éducation physique et sportive durant quinze ans au lycée Georges-Braque. Lors de la table ronde, elle a expliqué qu'elle avait accompagné un jeune dans son changement d'identité de genre. « Dans ce lycée, précisait la députée, on accompagne beaucoup d'élèves. L'identité de genre mais aussi celle de la couleur de peau ou la religion. L'adulte doit recueillir la parole du jeune. Il y a les différences qui se voient et celle qui ne se voient pas. Et parfois, quand un jeune ne peut aborder ce qui l'oppresse, ça peut finir en drame ».
Une Maison des femmes à Argenteuil
Le premier adjoint (Lr) au maire et conseiller régional d’Île-de-France, Xavier Péricat, a rappelé l’existence à Argenteuil d’une Maison des femmes, « qu’on est en train de restructurer », où ces dernières peuvent être reçues « en toute intimité pour faire part de leurs difficultés, de façon discrète et anonyme ».
Elisabeth Moreno : « C’est quand même insensé de tabasser quelqu’un pour son apparence physique ou son orientation sexuelle »
« Dès la première bousculade, il faut dire stop ! La violence touche toutes les catégories sociales, toutes les générations », a insisté la ministre, pour qui l’école « est le lieu le plus adapté pour lutter contre toutes les formes de discrimination car elles s’y exercent, mais c’est aussi le lieu où on apprend à se respecter. C’est quand même insensé de tabasser quelqu’un pour son apparence physique ou son orientation sexuelle ».