
C’est une affaire de violences conjugales qui se déroule en deux épisodes. Le premier, en date de septembre 2022. Les gendarmes sont appelés par les services de la Croix-Rouge de Gacé (Orne) car une femme s’y est réfugiée avec son bébé de quelques mois. Elle a déclaré qu’elle venait d’être victime de violences de la part de son compagnon.
Au cours d’une dispute liée aux allocations de Pôle emploi, il aurait attrapé son bébé d’une main au niveau du crâne et de l’autre main, il aurait secoué l’enfant en appuyant sur son ventre. Elle se serait interposée, il l’aurait attrapée par les poignets et traînée au sol sur plusieurs mètres. Il lui aurait cassé son téléphone portable avant de partir. Elle en a profité pour s’enfuir avec leur enfant. Elle remettait un certificat médical lui prescrivant trois jours d’ITT (incapacité temporaire de travail).
Entendu par les gendarmes, il nie les faits.
« Je vais te tuer, je vais te tuer »
Effectivement nous nous sommes disputés et comme notre fille était le sujet de notre dispute, je lui ai dit qu’il valait mieux qu’elle meurt. C’est là qu’elle s’est mise à genoux devant moi pour que je retire mes paroles. Elle me retenait pour ne pas que je parte.
Mais le prévenu nie l’avoir attrapée par les poignets et l’avoir tirée au sol. Il ne pourra pas expliquer au tribunal pourquoi elle a été blessée aux poignets.
Dans un second temps, en octobre 2022, alors séparés, elle trouve son compagnon à son domicile. Elle l’aurait menacé d’appeler les gendarmes, il l’aurait alors attrapée par la chemise et poussée contre un mur en briques. Son visage en portait d’ailleurs des traces impressionnantes. Elle ajoutait qu’il lui avait envoyé à plusieurs reprises des messages de mort. « Je vais te tuer, je vais te tuer, un homme en colère ça devient dangereux ». Elle remettra un nouveau certificat lui prescrivant encore trois jours d’ITT.
« C’est vous la victime ? ». « Oui »
Une nouvelle fois, il va nier les violences, mais admettre qu’il a pu lui envoyer ce genre de messages.
« Vous estimez qu’au cours d’une dispute, on peut faire des menaces de mort ? » lui demande le président. « Oui, mais je ne l’ai pas fait ». Il nie les violences même lorsque le président lui montre les photos de sa compagne, le visage tuméfié.
« Alors, si je comprends bien, c’est vous la victime dans cette histoire ? » lui demande le président. « Honnêtement, oui ».
Je ne veux plus être considéré comme victime, je ne veux plus revenir sur toutes ces histoires, je ne veux plus de cette mesure d’éloignement, j’ai aussi ma part de responsabilité. Si je ne l’avais pas agressé, il n’aurait pas eu besoin de se défendre.
Elle précise qu’elle attend son deuxième enfant.
« Nous sommes aujourd’hui très chanceux, plus chanceux que le tribunal de Lyon (Rhône) qui l’a condamné pour des violences et plus chanceux que les gendarmes qui n’ont pas réussi à le joindre », déclare la procureure de la République.
Une condamnation plus légère que les réquisitions
Elle ne croit pas du tout aux explications variables du prévenu et requiert une peine de 14 mois de prison dont six mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans avec l’interdiction de contact et de paraître au domicile de sa victime, les obligations de soins, de travail, de payer les sommes dues au trésor public et suivre une prise en charge dans le cadre des CPCA (Centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales), outre une amende contraventionnelle de 300 €. Elle dit s’opposer en l’état à un aménagement de peine.
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« Une interdiction de contact ne va pas nous aider. Le but n’est pas de nous séparer, mais de nous aider » termine de prévenu.
L’homme sera finalement condamné à une peine de huit mois de prison dont quatre mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans avec l’interdiction de contact et de paraître au domicile de sa victime, payer les sommes dues au trésor public, suivre une prise en charge dans le cadre des CPCA, outre une amende contraventionnelle de 200 €.