Home Sud [VIDEO] Le comédien Pierre Notte en spectacle à Vergèze : « Le spectateur est un acteur à part entière »
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[VIDEO] Le comédien Pierre Notte en spectacle à Vergèze : « Le spectateur est un acteur à part entière »

L’auteur et comédien Pierre Notte présente le spectacle « L’effort d’être spectateur » à vendredi 17 février à Vergèze.

C’est vraiment un effort d’être spectateur ?

J’en suis convaincu, mais un effort consenti. Le spectateur choisit l’inconfort et la difficulté pour vivre des expériences qu’il ne vivra pas ailleurs. Il est un acteur à part entière de la représentation, alors qu’en différents autres endroits, on lui propose d’être un consommateur passif face à un produit.

Vous dites même que c’est un travail ?

La boîte noire du théâtre, l’espace du plateau forment un espace qui va multiplier les signes, que le spectateur va interpréter, pour construire sa propre vision des choses. Au théâtre, on ne va jamais représenter la réalité. Tous les langages sont possibles, toutes les libertés. On prend toujours des distances qui vont permettre au spectateur de reconsidérer la réalité, de l’imaginer autrement, de la transposer. Vous n’aurez jamais la représentation réaliste d’un champ de bataille par exemple. Donc le spectateur travaille et chacun va imaginer son propre champ de bataille.

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Au théâtre, il y a un tas de codes que vous explorez…

Comme c’est un espace de liberté extraordinaire, pour y voir plus clair, il y a une quantité de codes qui sont faits pour exploser, pour être transcendés. Mais les conventions sont là. Par exemple, je suis assez fasciné par le fait qu’on se met tous à applaudir à la fin d’un spectacle. J’interroge le public. Même avec un théâtre contemporain ultra-avant-gardiste qui a dévasté toutes les conventions, on finit toujours par des applaudissements et le salut des acteurs.

Pourquoi les spectateurs toussent-ils plus dans les théâtres qu’ailleurs ?

Mon premier métier, cela a été spectateur. Je me suis longtemps interrogé sur mes propres comportements. Et quand je m’ennuyais dans les salles, ce qui est l’essentiel de notre activité, j’observais que les spectateurs toussaient d’une manière très particulière.

Parfois, il y a une communion entre les spectateurs et les spectatrices dévastés par l’ennui. La toux se répand en parterre, je suis persuadé, même si c’est inconscient que c’est une manière d’appeler les acteurs pour qu’enfin quelque chose se passe sur le plateau. Il y a aussi l’endormissement, beaucoup de gens s’effondrent dès que ça commence. C’est très drôle.

Vous voyez de nouveaux poncifs dans le théâtre ?

Il y a toujours des clichés. Ces 20 dernières années, le théâtre a été gagné par le goût de la laideur. Il y a aussi la négation du théâtre. C’est très passionnant, je ne porte pas de jugement de valeur, j’observe, cela m’intéresse beaucoup. La sonorisation des acteurs, le micro sur pied pour s’adresser au public en cassant le quatrième mur, la lumière crue, évidemment la vidéo pour observer en gros plans les comédiens. On revient toujours à une représentation ultranaturaliste. Avec les outils du cinéma, on travaille à détruire les libertés du théâtre, pour revenir à une langue et un jeu ultraréalistes.

Ensuite, il y a toujours un artiste qui va à l’encontre, un contraire qui s’organise. Car encore une fois, le théâtre est un espace où tout est possible, tout et son contraire.

C’est un effort, mais c’est aussi un plaisir ?

Le plaisir est précisément dans l’effort. Je crois que le spectateur qui cherche le confort se trompe et est toujours déçu. Le spectateur a toujours la volonté d’être remis en cause dans ses opinions, sa vision du monde et du théâtre. Je suis un clown, je m’amuse, je ne suis pas capable de le prouver, j’essaie de le démontrer. C’est par ces efforts qu’on va trouver le plaisir infini d’être revitalisé.

Personnellement, en tant que spectateur, qu’est-ce qui vous énerve le plus ?

C’est difficile à dire… Je crois que je suis capable de tout aimer. Il y a une chose qui me rend malheureux, c’est quand les artistes n’ont pas considéré le rapport qui allait s’établir entre la salle et la scène, quand ils font leur truc entre eux et que cela ne regarde qu’eux.

Et le moment que vous préférez ?

C’est le moment où je suis scandalisé, j’adore ça. C’est le moment où je suis bouleversé, bousculé, choqué, sidéré soit par une idée, une esthétique, une parole, une émotion. Quand tout à coup, on brûle d’un scandale intérieur qui fait qu’on est transformé. Cela peut aussi passer par le rire.

Vendredi 17 février, 20 h 30. Cine-théâtre, place de la Mairie, Vergèze. 13 €, 10 €, – 12 ans 5 €. 04 66 35 80 34.

Infos Pratiques

Date : 09 mars au 09 mars

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