
Il est 8 heures, en ce froid mercredi matin du mois de février. Le thermomètre affiche – 7°C. Mais ce n’est pas la température qui va décourager Philippe Lustrat, pour installer son affût, à proximité du site de l’Isatis, en forêt de Fontainebleau. Depuis près de 50 ans, ce photographe animalier, qui habite Arbonne-la-Forêt (Seine-et-Marne), arpente le massif pour mettre en valeur la riche faune de la forêt.
« Donner les bons réflexes aux photographes amateurs »
« J’ai commencé la photo à l’âge de 15 ans, se souvient celui qui travaille dans l’expertise environnementale. À l’époque, je regardais l’émission Caméra au poing, où Christian Zuber parait filmer des animaux. J’ai fait pareil avec mon appareil photo. »

A 63 ans, il a lui aussi laissé son empreinte en matière de faune : huit livres édités dans le domaine, dont le dernier Photographier les animaux sauvages, paru en 2022 aux éditions du Puits Fleuri. Car le photographe a plusieurs objectifs : faire découvrir la faune pour mieux la protéger, mais aussi sensibiliser les amateurs de chasse photo.

« Avec l‘avènement du numérique, c’est devenu une mode, estime Philippe Lustrat. Plus abordable et facile avec la modernisation du matériel, la pratique s’est démocratisée, mais avec des pratiquants qui n’ont pas toujours les bons réflexes et connaissances. »
Lui ne prêche que pour une approche : l’affût. Un discret filet de camouflage derrière lequel il se dissimule pour déranger un minimum les animaux. « Il ne faut jamais approcher un animal pour le photographier, cela provoque un grand stress chez eux. C’est peut-être moins excitant, mais on voit plus d’animaux. »
« J’essaye de guetter le loup »
Chez lui, le fait de passer inaperçu est presque devenu un jeu : « Je veux avoir le moins d’impact possible ». Il peut rester jusqu’à 6 heures à les attendre et sort jusqu’à deux fois par jour. » Ma technique, c’est de prendre un livre pour patienter, mais m’est déjà arrivé de m’endormir », admet-il.

Ses animaux favoris à photographier ? Les renards, les blaireaux et les cerfs. Mais au fil des années, il a déjà découvert des espèces rares comme le Circaète Jean-le-Blanc, un rapace rarement observé dans le massif.
« Il y a une dizaine d’années, je voyais aussi des chats sauvages, mais ils ont disparu. En ce moment, je fais comme tout le monde, j’essaye de guetter le loup… », sourit Philippe Lustrat.
Un animal qu’il n’a jamais croisé malgré ses journées passées dans la forêt. Ses coins de prédilection, il les garde pour lui, « mais pour faire des photos il faut s’éloigner des sentiers les plus fréquentés et toujours revenir, même si on ne voit rien. » Son plus beau souvenir ? L’allaitement de renardeaux qu’il a pu capter en vidéo.
🧐Depuis près de 50 ans, le photographe animalier Philippe Lustrat arpente la forêt de Fontainebleau. Un de ses plus beaux souvenir : l’allaitement de renardeaux ⤵️ 🎬©Philippe Lustrat pic.twitter.com/aJ5SFKCP0L
— Julien van Caeyseele (@JulienVanC) February 13, 2023
« Avec mes photos, je veux montrer que la forêt est riche de sa faune, mais avec les réseaux sociaux, on peut aussi créer un vrai échange avec les gens et sensibiliser », souligne ce membre de l’association Les Amis de la forêt.

Quand il n’est pas en forêt, Philippe Lustrat continue de travailler sur des projets pour mettre en pratique ses conseils. « Je travaille sur la publication d’un guide qui sera ciblé sur quelques espèces, annonce-t-il. Les conseils pour les observer, comprendre leurs traces et indices de présence. »