Gros chantier à l’entrée de Saint-Gilles où l’aqueduc de BRL fait l’objet d’une rénovation.
Marcher dans un aqueduc débarrassé de son eau (et de ses poissons), ce n’est pas si fréquent. Si la visite guidée au Pont du Gard est possible, le pont bâche de Saint-Gilles est en principe inaccessible. Sauf en ce moment pour les techniciens de BRL et de la société Freyssinet qui œuvrent à sa réparation. Encore plus incroyable : pour conforter l’aqueduc, les hommes du chantier l’ont soulevé. Un vérinage, qui a eu lieu mardi matin, et a consisté à lever tout l’ouvrage (3 000 tonnes quand même), en une seule fois pour réparer ses appuis. Explications.
1 À quoi sert ce pont ?
Ce pont bâche (un terme utilisé dans le domaine hydraulique pour parler de la nappe d’eau, rien à voir avec une bâche) orne l’entrée de Saint-Gilles depuis soixante ans. À l’époque du visionnaire Philippe Lamour, la Costière n’est qu’une plaine caillouteuse pleine d’oliviers occupée par des moutons. En créant la Compagnie du Bas Rhône Languedoc, Philippe Lamour entrevoit l’irrigation des terres, le développement de l’arboriculture, mais aussi la sécurisation en eau qui alimentera le littoral mais aussi l’agglomération montpelliéraine. Le canal s’étend 60 kilomètres, il prend de l’eau dans le Rhône à Fourques, puis par gravitation, en douze étapes (il n’y a que 9 mètres de dénivelé), l’amène à Mauguio.
Le canal passe sous le Vidourle, sous le Rhony, et il aurait pu très bien passer sous la route d’entrée de Saint-Gilles. Mais construire un ouvrage d’art monumental, en béton précontraint, était aussi un signe d’affirmation et de puissance.
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Dans le tunnel, à ciel ouvert, le débit est en ce moment de 3 mètres cubes par seconde. En période d’irrigation et de forte demande, on montera à 10 m3/seconde. L’ouvrage a été conçu pour un débit de 61 m3/seconde.
2 Pourquoi ces travaux ?
Ces travaux, dont le montant est de 2,9 M€, étaient indispensables. « Nous réalisons des vérifications et des diagnostics très régulièrement », assure Jean-François Blanchet, directeur de BRL. Le maire de Saint-Gilles, Eddy Valadier reconnaît que suite à l’effondrement du pont de Gênes, beaucoup de Saint-Gillois se sont inquiétés. Mais c’est bien la surveillance régulière qui a permis de lancer le chantier actuel. Les câbles métalliques tendus sous le voile de béton font encore parfaitement leur effet, à l’époque le procédé était nouveau. Mais ce sont les appuis qui supportent le poids de l’ensemble qui montraient des signes d’usure.
Si BRL ingénierie dispose de compétences, c’est à l’entreprise Fressynet, filiale de Vinci, spécialisée dans le confortement et la réparation d’ouvrages qu’a été confié le remplacement de ces appuis. « Le levage s’est fait avec des flexibles hydrauliques, tout est assisté par ordinateur, on est au millimètre près. Toute l’assiette est soulevée, ce qui va permettre de découper et de retirer ce qui est érodé et de le remplacer par de nouvelles plaques de métal, entourées d’élastomère » détaille Jérôme Coupy, directeur d’exploitation.
Durant le chantier, l’eau circule dans deux conduites de dérivation, de 800 mm, qui s’étendent aux côtés des 200 mètres de longueur de l’aqueduc et qui seront démontées, ainsi que les systèmes de pompage, dès que l’eau pourra de nouveau couler dans l’ouvrage. En principe d’ici la mi-février. Il ne restera plus qu’à repeindre le pont, ce qui sera la tâche de l’entreprise Aevia, dès le mois d’avril.
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