
Depuis la fin décembre, le réveil de Chantal Rincheval ne sonne plus à 5 heures ! Pendant quatre décennies, c’est l’heure à laquelle la commerçante sortait de son lit. Eté comme hiver. Qu’il pleuve ou qu’il verglace. Par temps de conjoncture délicate comme de crise sanitaire avec ses protocoles mouvants. Comme jeune maman ou jeune grand-mère.
Les rares fois où elle ne partait pas sur les marchés avec son camion de vêtements féminins, pour une quelconque raison, elle en était malade.
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Ne pas décevoir ses clients comme faire vivre les marchés auxquels elle était abonnée, ou bien mettre en avant les dernières collections reçues, ont toujours été ses principales motivations.
Je sais pourquoi je me levais. J’ai toujours aimé faire ça. C’était une passion.
Installant avec soin ses 10 mètres de boutiques ambulantes, complétés par un imposant parapluie qui permettait d’ajouter des portants.
D’abord pour les vêtements Birot
L’aventure a commencé après son apprentissage dans une pâtisserie près des Halles. « Je voulais avant tout être vendeuse, rappelle-t-elle. Les Vêtements Birot, situés dans le quartier, recherchaient des personnes pour vendre sur les marchés. J’ai postulé et j’ai été prise ». Et elle y est restée pendant 23 ans. « Nous étions trois à nous partager les marchés de la région ».
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En 2004, l’enseigne décide d’arrêter. Pas elle. Elle transforme le camion en Chantal confection. Une nouvelle vie démarre. A son compte. Challans, Cholet, Les Herbiers, Ancenis, Vertou et Clisson sont les marchés qu’elle fréquente chaque semaine.
Je voulais continuer cette activité. J’avais des clientes fidèles. Je ne me voyais pas faire autre chose. Encore moins en boutique. Le contact des gens, l’ambiance des marchés, le conseil et la confiance… c’est ce qui m’a toujours plu.
Chantal Rincheval disait faire du commerce « à l’ancienne ». « En prenant le temps », précise-t-elle.
Il n’était pas rare qu’elle laissait une cliente repartir avec un petit haut, une robe, un pantalon pour voir si cela lui correspondait. Avant qu’elle ne revienne payer une autre fois.

Des clientes venues la remercier
Des femmes qui ont tenu à venir la remercier lors de ces derniers passages : « en offrant une boîte de chocolat ou en laissant un mot doux, je ne m’attendais pas à cela », s’exprimait, émue, Chantal Rincheval.
Elles seront également orphelines de son sourire qui illuminait son visage, avec ses beaux yeux bleus. Ses consœurs et confrères aussi sont passés la voir pour de chaleureuses embrassades. Et également les membres de collectifs et d’associations qu’elle a aidées. « Il faut le dire qu’elle a un grand cœur », insistait Rose, du Secours populaire de Basse-Goulaine à qui elle donnait régulièrement des vêtements.
Chaque mois était un challenge d’arriver à équilibrer les comptes et à dégager un salaire. Cela n’a pas toujours été simple. Il y avait des périodes fastes et d’autres plus tendues.
« Ce premier confinement fut une grosse frayeur. Heureusement, l’Etat nous a aidés », conclut-elle.
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Enfants et petits-enfants lui ont également fait la surprise de venir la voir pour son dernier jour d’activité. Elle continuera de passer du temps avec eux. Entre deux voyages avec son mari. Lui est déjà à la retraite. Il l’attend depuis trois ans. Les passeports sont prêts.