
Recours, blocage de la circulation des poids lourds, refus de signer le permis de construire… le maire de Villenoy (Seine-et-Marne), Emmanuel Hude, a tout fait pour empêcher la construction d’un immeuble de 27 logements sociaux dans sa commune. Mais il n’est pas le seul à ne pas vouloir de ce projet.
Des riverains de la rue de l’Arquebuse s’opposent également à ce chantier.
Le permis de construire avait pourtant bien été validé par la précédente équipe municipale en septembre 2019. Dès le début, ce projet de 27 logements sociaux, rue de l’Arquebuse, a suscité le rejet d’habitants, et fait l’objet de deux recours… rejetés par le tribunal administratif quelques mois plus tard.
» On a tenté plusieurs recours, mais ils ne correspondaient pas aux standards de la justice… et nous avons perdu « , déplore M. Collgon qui réside rue de l’Arquebuse depuis plusieurs dizaines d’années.
Une série de blocage pour empêcher la construction
Une fois arrivée à la tête de la mairie, la nouvelle équipe dirigée par Emmanuel Hude a profité de la demande pour modifier le permis de construire, en août 2020, pour bloquer le projet.
Et cette décision a été la première d‘une longue série. À chaque fois, le juge des référés est allé dans le sens de l’entreprise chargée de la construction, et a ordonné au maire de valider la demande de permis ou de suspendre l’arrêté qui bloque le projet. Août 2020, février 2021, août 2021… les demandes de la SCCV L’Arquebuse et du tribunal se sont succédé jusqu’au 27 octobre 2021 où le maire de Villenoy a validé le permis de construire modificatif de la SCCV L’Arquebuse.
Mais il restait un recours, déposé par un habitant à étudier pour le tribunal. Ce n’est que le 29 juin 2022 que la régularité du permis de construire a été approuvée par le tribunal administratif de Melun.
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Le projet est enfin validé… ou presque
Pour l’entreprise, qui attendait depuis près de trois ans de commencer les travaux de construction de l’immeuble, cette annonce aurait pu marquer la fin d’un long processus judiciaire, où les allers-retours avec le tribunal ont été nombreux. Et pour les voisins, le début des ennuis.
En septembre 2022, l’entreprise veut alors commencer ses travaux de déconstruction du site pour pouvoir construire son projet.
Mais c’était sans compter sur l’opposition du maire à voir se concrétiser ce projet. La rue qui mène à la rue de l’Arquebuse est interdite aux véhicules de plus de 3,5 tonnes. Et la mairie a pris un nouvel arrêté pour prolonger cette interdiction jusque dans la rue de l’Arquebuse.
Impossible pour l’entreprise de faire circuler ses camions, le chantier doit s’arrêter, les conducteurs reçoivent des PV pour avoir emprunté cette route interdite. Le sous-traitant chargé de cette étape du chantier arrête sa mission. » La mairie a donné son accord sur déclaration d’ouverture de chantier, sans même nous avertir des difficultés à venir, sachant que ce terrain n’a pas d’autres accès possibles « , déclare Sébastien Paris, le promoteur du projet.
Pour lui, pas de doute, » il s’agit d’un agissement dilatoire « , son avocat en aurait d’ailleurs averti le procureur de la République et le préfet de Seine-et-Marne. Et pourtant, aucun bus ni camion ne circule dans cette rue depuis des années.
Pourquoi refusent-ils cette construction ?
» Nous ne sommes pas contre des logements pour remplacer l’atelier qui était là depuis des années, mais pas 27 logements ! « , déclare un riverain.
Réunis autour d’une table, ils sont plusieurs à évoquer tout de suite ce qu’ils craignent le plus : être à nouveau inondés, comme ce fut le cas en 2021 et 2018 notamment. » Les canalisations d’eaux pluviales sont inadaptées. Avec cet immeuble en plus, elles ne tiendront pas « , déclarent-ils. En juillet 2021, tout ce quartier s’était retrouvé sous les eaux et avait dû évacuer… encore une fois. Une inondation qui a laissé des traces chez tous ces riverains.
» Sur ce terrain, il y a la place de construire trois ou quatre pavillons « , assurent-ils. » C’est une zone destinée aux pavillons, alors que là, on amène 60 personnes supplémentaires « .
Soixante personnes dont il faudra bien stationner les véhicules quelque part. Une trentaine de places de parking sont prévues dans les plans, en sous-sol et le long du trottoir, » ce qui va en plus supprimer les places de stationnement qui existent aujourd’hui devant le futur immeuble « , réplique M. Collgon. » Nous avons déjà des habitants des rues voisines qui viennent garer leur voiture rue de l’Arquebuse parce qu’il n’y a pas de place chez eux, avec cet immeuble, ce sera impossible de circuler « .
Un dernier espoir ?
La mairie n’a pas dit son dernier mot et continue à s’opposer à ce projet. Jeudi 26 janvier 2023, lors du conseil municipal, les élus ont voté en faveur de la préemption du terrain en question. » Le maire a pris conscience du problème « , souffle M. Collgon qui espère, comme ses voisins, que les travaux ne reprendront pas.