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Voisins de la nouvelle piscine à Mérignac, ils ne veulent pas d’un « Disneyland » devant chez eux

Gérard Dufourg habite à quelques hectomètres du waterjump du nouveau stade nautique de Mérignac.
Gérard Dufourg habite à quelques hectomètres du waterjump du nouveau stade nautique de Mérignac. (©Actu.fr / Nicolas Gosselin)

Quand il a appris en 2020 la construction de toboggans aquatiques géants en face de chez lui, Gérard Dufourg a cru tomber à la renverse. « Ils vont créer un parc Disneyland devant mon jardin », s’est dit l’homme de 67 ans, qui a emménagé dans ce lotissement situé dans le centre de Mérignac en 2008.

Avec une dizaine d’autres riverains, le sexagénaire est à l’origine de la suspension du permis de construire du nouveau stade nautique de Mérignac, prononcée par le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux le 24 octobre 2022.

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« Je n’étais pas contre ce projet de nouvelle piscine. Au contraire, j’étais content, ça faisait sens », précise le contribuable mérignacais. En effet, le stade nautique Jean Badet – construit en 1971 et devenu obsolète – nécessitait régulièrement des travaux de rénovation au coût élevé. Il était temps de colmater cette fuite dans le budget de la municipalité.

Les habitants craignent les nuisances sonores

« La Ville de Mérignac a lancé en septembre 2013 une étude de faisabilité en vue de sa réhabilitation ou de la construction d’un nouvel équipement. L’audit technique et fonctionnel a conclu qu’une réhabilitation de l’équipement existant se révèlerait trop lourde et trop coûteuse. Mieux valait réaliser une nouvelle piscine à proximité pour remplacer l’ancienne », rappelle la Métropole de Bordeaux, qui finance les travaux à hauteur de 57% (soit environ 23 millions d’euros).

Le problème, raconte Gérard Dufourg, c’est que le projet initial présenté aux habitants, lors d’une réunion publique en 2020, ne faisait pas état du water jump que les riverains ont vu pousser devant chez eux. Cette structure de béton haute de plusieurs mètres d’où des centaines de jeunes en maillot de bain, aux beaux jours, s’élanceront dans un joyeux fracas.

« Ce qui me dérange, c’est le bruit », appuie le sexagénaire, qui craint de passer des journées ensoleillées moins paisibles qu’avant. Il imagine déjà les cris des clients de l’Aqua Stadium s’inviter à table lors de repas en famille ou entre amis sur sa terrasse. De quoi lui faire avaler son apéritif de travers.

L’étude d’impact au cœur de l’imbroglio juridique

La Métropole de Bordeaux jure pourtant que le porteur de projet a fait au mieux pour « intégrer l’équipement dans son environnement » et « limiter les nuisances sonores de
l’ensemble du stade nautique » : « Le water jump a été réduit en hauteur et tourné par rapport au permis initial afin de jouer le rôle d’un mur anti-bruit et réduire les nuisances sonores liées aux bassins extérieurs. » 

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Les arguments de la collectivité font rire jaune Gérard Dufourg, qui n’en démord pas : « Je me battrai jusqu’au bout tant qu’ils sont dans l’illégalité. Je ne demanderai pas la déconstruction du water jump mais qu’ils l’enferment dans une bulle », réclame le riverain, qui avait demandé – en vain – à Alain Anziani, maire de Mérignac et président de Bordeaux Métropole, de faire construire la structure de l’autre côté de la parcelle. Là où il n’y a pas d’habitations en vis-à-vis.

Gérard Dufourg a obtenu par le tribunal administratif de Bordeaux, en novembre 2022, la suspension du permis de construire du stade nautique de Mérignac.
Gérard Dufourg a obtenu par le tribunal administratif de Bordeaux, en novembre 2022, la suspension du permis de construire du stade nautique de Mérignac. (©Actu.fr / Nicolas Gosselin)

Sans solution à l’amiable trouvée, le retraité a donc attaqué la collectivité. Elle n’a pas fait d’étude d’impact environnemental alors que c’est obligatoire pour les projets dont le terrain d’assiette couvre une superficie supérieure ou égale à 10 hectares. Et il a donc fini par obtenir gain de cause après deux ans de bataille juridique, dont un pourvoi en cassation rejeté par le Conseil d’État en novembre 2021. « On ira jusqu’au bout », annonce-t-il, d’un ton décidé, encore prêt à se battre.

Alain Anziani incrimine les services de l’État

De son côté, Alain Anziani rejette la faute sur la préfète de l’époque. « Avant de déposer la demande de permis de construire, nous avons demandé aux services de l’État si une étude d’impact était nécessaire. On nous a répondu que non. Un arrêté préfectoral a même été pris en ce sens. Si une étude avait été demandée, elle aurait bien évidemment été réalisée. »

Comment est-ce possible ? Gérard Dufourg a son idée sur la question : la nouvelle piscine est construite sur deux anciens terrains de rugby, qui représentent une superficie d’à peine deux hectares, mais l’ensemble du projet de réaménagement de la plaine des sports Robert Brettes (dont fait partie l’Aqua Stadium) s’étend sur une surface d’environ 12 hectares. Sachant que pour le riverain, tout est lié puisque les deux terrains de rugby sacrifiés pour le stade nautique seront reconstitués ailleurs sur la plaine des sports.

L’Aqua Stadium prévoit d’accueillir un demi-million de visiteurs annuels

Selon les prévisions, plus d’un demi-million de visiteurs sont attendus chaque année à l’Aqua Stadium de Mérignac. « Ce chiffre se réparti de la manière suivante : 260 000 visiteurs par an pour les espaces aquatiques, 140 000 scolaires et clubs, soit 400 000 usagers pour les espaces aquatiques. A cela s’ajoutent encore 16 000 usagers bien-être, 38 000 utilisateurs pour l’espace forme (fitness / activités encadrées) et 61 000 à l’espace bar/restaurant, 27 000 entrées pour le water jump », précise la Métropole.

En apprenant que la justice empêchait l’ouverture de la piscine le 19 décembre 2022, la Métropole de Bordeaux s’est inquiétée des conséquences. « La non-ouverture du stade nautique métropolitain compromet gravement l’intérêt général. Elle pénalise les habitants, ainsi que les scolaires, les clubs et les associations », pointait à l’époque la collectivité, alors que le bâtiment était prêt à accueillir du public, contrairement aux espaces extérieurs où il restait quelques finitions à achever.

Une ouverture partielle et avec deux mois de retard

Au final, Alain Anziani a trouvé une solution en signant un arrêté le 30 décembre 2022, qui permet, conformément à la jurisprudence du droit à la construction, l’ouverture partielle de l’équipement suite aux avis positifs de deux commissions de sécurité. En d’autres termes, à partir du 20 février, l’exploitant peut accueillir le grand public uniquement dans les espaces intérieurs (un week-end découverte est organisé les 18 et 19 février).

Le stade nautique de Mérignac doit ouvrir ses portes au public le 20 février.
Le stade nautique de Mérignac doit ouvrir ses portes au public le 20 février. (©Actu.fr / Nicolas Gosselin)

Une bataille de gagnée pour la Métropole mais la guerre juridique n’est pas terminée. Comme d’autres voisins, Gérard Dufourg n’entend pas baisser les bras concernant les espaces extérieurs, y compris le water jump, dont les travaux sont toujours suspendus à la décision d’un juge. « On est tous égaux face à la justice. Je ne vois pas pourquoi les politiques auraient des passe-droits », dit le retraité de 67 ans. « Et après, on s’étonne que les gens ne vont plus voter mais quand on voit ça… », soupire-t-il.

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