
Depuis le début de la semaine, le France connaît une grève très suivie des médecins généralistes.
S’il apparaît difficile d’établir des données précises, plus de 30 % des médecins yvelinois suivent l’appel lancé par le collectif Médecins pour demain selon le Conseil de l’ordre des médecins des Yvelines.
Patricia Lefebure en fait partie. Généraliste installée à Limay (Yvelines) depuis 7 ans, elle demande une meilleure attractivité du métier à travers une augmentation du prix des consultations permettant ainsi d’employer des secrétaires ou des assistants médicaux.
« On veut recentrer notre activité sur le médical afin de se décharger des tâches basiques ou administratives. Les notaires ne répondent pas au téléphone mais apparemment ça ne choque personne que les médecins le fassent. »
1/3 des habitants sans médecin traitant
D’après Patricia Lefebure, ces embauches diminuent par deux le temps de consultation. Une aubaine quand on sait que le département des Yvelines subit de plein fouet le phénomène de désertification médicale. Dans le Mantois comme dans tout le département, presque 1/3 des habitants n’a pas de médecin traitant. « À Limay, il nous manque 6 médecins sachant que deux médecins vont bientôt partir à la retraite ! », s’insurge Patricia.
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Malgré la grève, cette praticienne syndiquée ouvre son cabinet deux heures par jour pour recevoir les cas les plus graves. Ce débrayage reste pour elle le seul moyen de faire bouger les lignes après deux premiers jours de grève sans aucune réaction gouvernementale début décembre.
Aujourd’hui, Patricia est à bout de souffle : « La situation est catastrophique. Je refuse tous les jours entre 3 et 4 consultations, souvent des gens polypathologiques, qui en ont vraiment besoin. Même en travaillant 24h/24, ça ne suffirait pas. »
Plus 500 appels d’urgence par jour
Ce manque de médecins généralistes, Laurent de Bastard le constate au quotidien. Au service des urgences de la clinique des Franciscaines à Versailles, où il exerce, les patients fragiles s’accumulent sur des brancards.
Si la triple épidémie de grippe, bronchiolite et covid-19 n’arrange pas la situation, la fermeture des urgences pédiatriques de l’hôpital de Poissy (Yvelines) cumulée à la fermeture partielle des urgences de l’hôpital André-Mignot à Versailles (Yvelines), suite à la cyberattaque, rendent la situation critique.
« Les Yvelines est le département francilien le plus en difficulté actuellement. Beaucoup d’enfants et de patients âgés se retrouvent dépourvus. »
Pour preuve, le nombre d’appel passé au 15 a augmenté de 900 à 1 400 par jour depuis novembre dans le département. Des chiffres équivalents à ceux rencontrés durant les pics des contaminations liées au covid-19.

« Médecine low cost »
Certains dispositifs comme le Service d’accès aux soins (SAS), projet pilote lancé dans les Yvelines en 2021, permettent de réguler le flux d’appels d’urgence grâce à des médecins régulateurs dont Laurent de Bastard fait bénévolement parti. Des créneaux de consultations pédiatriques ont également été ouverts à la maison médicale de Poissy.
« Tous ces dispositifs sont efficaces mais ne sont que des rustines, peste Patricia Lefebure. Tout était prévisible depuis 20 ans. Aujourd’hui, on est obligé de faire de la médecine « low cost », de la médecine « de merde » et on n’y arrive plus. »